Le co-porte-parole de Québec solidaire (QS) Gabriel Nadeau-Dubois tiendra un point de presse à Montréal. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec solidaire (QS) a dû corriger le tir, mercredi, en ce 11e jour de campagne électorale, en vue de rassurer le monde agricole quant à ses intentions d’alourdir le fardeau fiscal des grandes fortunes.
Le porte-parole du parti de gauche, Gabriel Nadeau-Dubois, a promis que les terres agricoles n’étaient pas visées par l’impôt additionnel réclamé aux plus fortunés, contrairement à ce qui avait été affirmé la veille.
Il y a eu «une erreur de transfert d’information», a-t-il expliqué, en marge d’un événement organisé par l’Union des producteurs agricoles (UPA), à Longueuil.
Les chefs des autres partis n’ont pas tardé à dénoncer les «taxes orange» de Québec solidaire qui nuiront aux agriculteurs québécois, selon eux. La couleur orange est le symbole de QS.
La veille, QS avait annoncé qu’un gouvernement solidaire alourdirait le fardeau fiscal des gens mieux nantis, ayant un actif net de 1 à 10 millions de dollars (M$), et taxerait les successions de plus d’un 1M$.
«J’ai senti une certaine inquiétude avec les taxes orange qui s’appliquent à tous ceux qui ont un actif de plus d’un million de dollars. On le sait que les terres agricoles coûtent très cher, donc il y a beaucoup d’inquiétude», a déclaré mercredi le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, à sa sortie d’une rencontre avec les dirigeants de l’UPA.
«Je ne suis pas sûr qu’ils ont consulté grand monde du monde agricole», a ajouté le ministre de l’Agriculture sortant, André Lamontagne, en parlant des stratèges solidaires.
Plus tôt dans la journée, la cheffe libérale Dominique Anglade avait également reproché à QS de s’attaquer à la relève agricole, de passage à Saint-Jacques-le-Mineur, en Montérégie.
Elle avait fait remarquer que la moissonneuse-batteuse garée juste derrière elle valait un million de dollars. Les terres et la machinerie d’un exploitant agricole dépassent ainsi facilement le million de dollars, et pourtant les agriculteurs mènent une existence difficile, selon elle.
«Ces personnes ont travaillé toute leur vie pour céder quelque chose à leurs enfants, a-t-elle plaidé. Quand les parents ont travaillé toute leur vie et ont décidé de transférer leur patrimoine, ne serait-ce qu’une maison, à leurs enfants, non, je ne pense pas qu’on devrait aller les imposer.»
De son côté, le Parti québécois a accusé QS de mettre de l’avant une proposition «contreproductive». «Ça va à mon avis causer plus de problèmes que ça va apporter de solutions», a déclaré le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, à Carleton-sur-Mer.
Pour gagner le vote des agriculteurs, François Legault a promis 50M$ pour améliorer leurs pratiques agroenvironnementales, ainsi qu’une autre enveloppe de 50M$ pour soutenir la relève agricole.
Dans un autre ordre d’idées, sur la question linguistique, M. Legault a fait amende honorable, intervenant personnellement pour faire retirer du contenu en anglais du site web de son parti.
Il a demandé à son équipe que la version anglaise du bilan de la CAQ, «Now. Our record.», soit retirée du site web, après qu’il eut pris connaissance d’un article de La Presse Canadienne, publié la veille.
L’agence de presse faisait remarquer que le parti de M. Legault pratiquait le bilinguisme, alors qu’il venait tout juste de faire adopter la loi 96 pour renforcer la langue française au Québec.
Interrogé à ce sujet mercredi, en point de presse à Longueuil, M. Legault a dit regretter que son parti ait publié du contenu en anglais sur son site web. «C’est une exception. Tout le site web est seulement en français. Il y a le bilan qui a été mis bilingue. Ça aurait dû être tout en français», a-t-il déclaré.
Sur un autre sujet, M. Nadeau-Dubois annonçait pour sa part mercredi que son parti entamerait une «révolution transport» dans la grande région de Montréal s’il était élu. Avec des investissements de 47 milliards de dollars d’ici 2030, QS vise à augmenter considérablement l’offre de transport en commun dans la région métropolitaine.
Parallèlement, le chef conservateur Éric Duhaime était à Québec, lui, pour s’opposer à un projet de transport collectif, celui du tramway. M. Duhaime a affirmé que le 3 octobre constituerait un référendum sur ce projet dans la région.
Il s’est aussi prononcé contre toute forme de censure visant à mieux encadrer la cyberintimidation.
De son côté, le Parti québécois était en Gaspésie pour annoncer des incitatifs fiscaux afin de ramener sur le marché du travail 150 000 retraités âgés entre 60 et 69 ans, d’ici 2030. Le parti prévoit diverses mesures pour y arriver, notamment un arrêt des cotisations au Régime des rentes du Québec (RRQ) pour les 65 ans et plus qui continuent de travailler.