Vers une réouverture des chantiers résidentiels avant le 4 mai?
Denis Lalonde|Publié le 07 avril 2020(Photo: 123RF)
Et si les chantiers résidentiels à travers le Québec pouvaient rouvrir avant le début du mois de mai? Bien que les industries non essentielles du Québec soient à l’arrêt jusqu’au 4 mai, les chantiers résidentiels pourraient redémarrer plus tôt.
Le premier ministre François Legault l’a évoqué brièvement dans son point de presse de mardi matin: «Dès que l’on aura passé le sommet (de la courbe des nouveaux cas d’infection au coronavirus, NDLR), ce sera l’un des premiers endroits à être rouvert», a-t-il affirmé.
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M. Legault n’a pas voulu s’avancer sur tout le secteur de la construction, insistant sur le fait que les normes sanitaires et de distanciation sociale allaient devoir être respectées sur tous les chantiers.
Il faut dire que selon de nombreux courriels reçus par Les Affaires, beaucoup de propriétaires attendant la livraison d’un logement neuf et ayant déjà vendu leur propriété actuelle disent vivre un stress intense à mesure que l’arrêt obligatoire des activités se prolonge dans la construction résidentielle.
Vers une crise du logement
«Depuis le début de l’arrêt des chantiers, on se dit que chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus de la catastrophe. Nous avons de 10 000 à 11 000 logements à livrer d’ici le premier juillet, dont 6 500 sont locatifs», explique François Bernier, vice-président principal, affaires publiques de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
L’APCHQ est on organisme à but non lucratif qui regroupe 18 000 entreprises du secteur de la construction.
Avec un taux d’inoccupation de seulement 1,4% dans la grande région de Montréal, l’arrêt des activités dans tous les chantiers ne pouvait survenir à un pire moment. «On estime que pour revenir à un taux d’inoccupation de 3%, il faudrait construire 10 000 logements de plus que tout ce qui est prévu à Montréal. Et là, en pleine crise du logement, on se retrouve en retard sur une dizaine de milliers de logements supplémentaire», raconte M. Bernier.
Au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, on confirme par échange de courriels qu’«un comité tactique construction du conseil d’administration de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) discute et travaille sur le sujet (de la réouverture des chantiers résidentiels, NDLR)». On y précise que le gouvernement reviendra avec plus d’information «au cours des prochaines semaines».
François Bernier soutient que l’APCHQ discute déjà de la réouverture des chantiers avec les syndicats et avec la CNESST. «Nous préparons la publication d’un guide sur les pratiques sanitaires qui devront être respectées. Au moment de la réouverture, nous allons passer tous les chantiers au peigne fin pour nous assurer que les consignes sont respectées. Dès que le gouvernement du Québec autorisera la réouverture des chantiers, nos membres seront prêts», dit-il.
Retards de livraison
Si l’industrie de la construction souhaite un retour rapide sur les chantiers, il sera impossible, pour les travailleurs, de terminer tous les chantiers dans les délais prévus avant la pandémie. Certains propriétaires n’auront d’autre choix que de s’armer de patience.
«Il ne faut pas oublier que la situation ne dépendra pas que de nous. Lors de la reprise des activités, il pourrait y avoir des ratés tout au long de la chaîne d’approvisionnement», prévient M. Bernier.
Souplesse en ce qui concerne les vacances de la construction
Pour avancer un maximum de chantiers le plus rapidement possible, l’APCHQ est prête à faire preuve de souplesse en ce qui concerne les vacances de la construction, qui doivent avoir lieu du 19 juillet au 1er août cet été.
Des chantiers sur le point d’être terminés le 19 juillet pourraient ainsi rester ouverts jusqu’à la fin des travaux.
D’après les plus récentes données de l’APCHQ, le secteur de l’immobilier résidentiel au Québec regroupe 145 000 emplois directs, 105 000 emplois indirects et 15 202 employeurs, dont 82% comptent trois employés ou moins. L’industrie génère 29,2 milliards de dollars en dépenses annuelles, représentant 7% du PIB de la province.