Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIÉ), un transport de marchandises par train sur une distance de près de 200 kilomètres émet 92% moins de GES que par camion. (Photo: 123RF)
Les entreprises manufacturières du Québec qui veulent décarboner ou accélérer la décarbonisation de leur chaîne d’approvisionnement pour réduire leurs coûts et être plus compétitives ont désormais un nouvel outil à leur disposition.
Ce jeudi, Investissement Québec (IQ), le bras financier du gouvernement, a lancé un calculateur qui permet aux entreprises de comparer les émissions de GES émises par différents modes de transport de leurs produits, et ce, d’un bout à l’autre de leur chaîne d’approvisionnement.
Ainsi, à l’aide d’un calculateur intégré (un fichier Excel) disponible sur le site web d’IQ, une cheffe d’entreprise ou un directeur d’usine peut entrer des informations dans deux grandes catégories: sur l’entreprise et le produit ainsi que sur l’approvisionnement.
La première catégorie demande, par exemple, le nom de votre produit et son code SH, tandis que la seconde requiert d’indiquer entre autres le type d’approvisionnement, la quantité, le point de départ et le point d’arrivée de vos produits.
L’outil est relativement simple à utiliser.
Évaluation et réduction des GES
Il permet d’abord aux entreprises d’évaluer l’empreinte carbone de leur chaîne d’approvisionnement. Ensuite, elles peuvent évaluer les options pour la décarboner et choisir celle qui est la plus adaptée.
Nicolas Turgeon, directeur, productivité durable chez IQ, estime que cet outil procure une information primordiale aux entreprises manufacturières.
«C’est un outil très important dans une optique de développement durable», souligne-t-il.
Par exemple, si la fréquence de ses approvisionnements le permet (les achats sont effectués sur une base hebdomadaire ou mensuelle et non pas en juste-à-temps), une entreprise peut utiliser davantage le train pour importer des composants du Mexique, mais sans nécessairement renoncer au camion.
Les statistiques sont formelles: le transport par train émet beaucoup moins de GES que par camion.
Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIÉ), un transport de marchandises par train sur une distance de près de 200 kilomètres émet 92% moins de GES.
Si le calculateur d’IQ donne plusieurs informations pertinentes pour prendre des décisions, il ne permet pas en revanche d’identifier les fournisseurs qui ont déjà une faible empreinte carbone, ce qui permettrait de décarboner davantage votre chaîne d’approvisionnement.
«Notre calculateur se base uniquement sur les émissions de GES dans le transport», précise Stéphane Drouin, vice-président, achat québécois et développement économique, chez Investissement Québec.
Deux simulations de réductions massives
À la demande de Les Affaires, IQ a effectué deux simulations de réduction de GES dans la chaîne d’approvisionnement de deux entreprises fictives évoluant dans l’agroalimentaire.
La première est une entreprise du Québec qui décide d’importer des marchandises du Mexique par train plutôt que par camion.
La décarbonation réalisée est importante.
Ainsi, ce transfert permet à cette entreprise de réduire de plus de 60% ses émissions de GES, avec des rejets fondant de 87,1 à 31,8 tonnes CO2-équivalent.
La seconde simulation donne des résultats encore plus importants, avec une réduction de près de 90% des GES dans la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise.
Comment? En substituant tout simplement un fournisseur situé en étranger, en l’occurrence aux Émirats arabes unis, au Moyen-Orient, par un fournisseur situé au Québec.
C’est mathématique: les émissions chutent drastiquement si on élimine ou presque la distance à parcourir pour un produit.
Et même si le prix unitaire est 30% plus élevé pour produire ce bien de substitution au Québec dans cet exemple, cette entreprise réduit néanmoins ses coûts d’approvisionnement d’environ 1,7 million de dollars, et ce, en plus de réduire ses émissions de GES.
Le Made in Québec réduit aussi les GES
En 2022, Investissement Québec a développé un calculateur du coût réel d’importation pour établir cette fois l’écart de prix réel entre les produits importés et les produits fabriqués au Québec.
L’objectif était de stimuler le Made in Québec.
IQ proposait trois options pour réduire les importations: la substitution des importations, la diversification des approvisionnements (avec une partie des achats effectués au Québec) et le rapatriement de la production de l’Asie au Québec.
Or, le déploiement de l’une de ces trois options réduisait de facto les GES des entreprises, même si ce n’était pas l’objectif premier de ce calculateur du coût réel des importations.
Cela dit, le calculateur d’évaluation et de réduction de GES qu’Investissement Québec lance aujourd’hui permettra d’aller beaucoup plus loin, et de proposer ainsi des solutions plus concrètes aux entreprises, selon Nicolas Turgeon et Stéphane Drouin.