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Fitzgibbon ferme la porte à un plafond tarifaire pour l’industrie

François Normand|Mis à jour le 16 avril 2024

Fitzgibbon ferme la porte à un plafond tarifaire pour l’industrie

Ce vendredi, le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, a prononcé un discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal à propos de la filière émergente des batteries au Québec. (Photo: Sylvie-Ann Paré, CORIM)

Non seulement l’électricité disponible au Québec est désormais très limitée, mais les industries consommatrices ne pourront pas profiter d’un plafond tarifaire comme l’ensemble des Québécois. Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a fermé la porte à ce scénario ce vendredi, en marge d’un discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

«Pour l’instant, il serait prématuré de faire ça […]. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de problématique tarifaire ou d’augmentation à moyen terme», a déclaré le ministre Fitzgibbon lors d’un point de presse après son allocution. Il a notamment indiqué qu’il ne restait que 500 mégawatts d’électricité disponibles pour les projets industriels d’ici 2028.

Le 10 novembre, son gouvernement a attribué à 11 entreprises des blocs d’électricité totalisant 956 MW encore disponibles pour des projets industriels, dont la suédoise Northvolt North America, qui construira une usine de fabrication de cellules de batteries en Montérégie.

Mardi, le PDG de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité (AQCIE), Jocelyn B. Allard, a déclaré à Les Affaires qu’il trouvait «inquiétant» le plan de match d’Hydro-Québec —et du gouvernement— d’augmenter les tarifs des industries, alors que Québec s’est engagé à plafonner à 3% par année les hausses des clients résidentiels.

Il réagissait à un discours prononcé mardi par le PDG de la société d’État, Michael Sabia, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

«Aujourd’hui, nos tarifs industriels sont au moins deux fois plus bas que la majorité des pays occidentaux. Deux fois plus bas qu’au Michigan, trois fois plus bas qu’à New York et qu’en Angleterre, quatre fois plus bas qu’en Allemagne. On a une marge pour augmenter les tarifs d’affaires et rester très concurrentiels», a affirmé le patron d’Hydro-Québec.

Pierre Fitzgibbon rappelle que les investissements massifs de 150 milliards de dollars d’Hydro pour accroître la production d’électricité au Québec dans les prochaines années auront nécessairement un effet sur les coûts de production de la société d’État.

 

Hausser les tarifs ou réduire le dividende d’HQ

Selon le ministre, deux options sont sur la table: soit on hausse les tarifs des industries et des commerces, soit Hydro-Québec réduit le dividende qu’il verse au gouvernement. Pierre Fitzgibbon a clairement indiqué que ce ne serait pas la seconde option.

Ce dernier n’a pas voulu non plus se prononcer sur une éventuelle fourchette maximale d’augmentation de tarifs d’électricité —par exemple, de 5 à 10%— que devront assurer les industriels dans les prochaines années.

Outre le fait que c’est la Régie de l’énergie du Québec qui fixe les tarifs, le ministre fait valoir qu’il faut d’abord évaluer l’incidence des investissements d’Hydro-Québec sur la base tarifaire des consommateurs industriels d’électricité.

Pierre Fitzgibbon veut aussi rassurer les entreprises, en précisant que les éventuelles hausses de tarif seront étalées dans le temps.

«Il n’y a pas d’inquiétude à avoir de la part des industriels. Mais est-ce qu’on va garder le tarif L où il est pour les cinq prochaines années? La réponse est probablement non», dit-il.

À propos des 500 MW disponibles d’ici 2028, le ministre a indiqué que gouvernement allait tenter d’accommoder les industries qui ont de nouveaux projets au Québec.

Selon lui, les entreprises peuvent par exemple diminuer la taille des projets ou les décaler dans le temps, en attendant que de nouveaux MW soient mis en service par Hydro-Québec dans les prochaines années.

 

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