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Le confinement d’une usine en Chine, un «effet limité» pour Apple

AFP|Publié le 03 novembre 2022

Le confinement d’une usine en Chine, un «effet limité» pour Apple

La marque à la pomme fabrique plus de 90% de ses produits en Chine, qui est également l'un de ses plus importants marchés. (Photo: 123RF)

Pékin — Le confinement chaotique en Chine de la plus grande usine d’iPhone au monde est un coup dur en termes d’image, mais ses conséquences sur la production d’Apple seront «limitées», selon des analystes interrogés par l’AFP.

Le groupe taïwanais Foxconn, principal sous-traitant du géant américain Apple, est confronté depuis le mois dernier à un rebond de cas positifs à la COVID-19 sur son immense site de Zhengzhou (centre), entraînant des perturbations de son activité. 

D’abord confinés, des centaines d’employés exaspérés par leurs conditions se sont enfuis en catastrophe de l’usine, selon des images virales ce week-end et des témoignages recueillis par l’AFP. 

Foxconn est le plus grand employeur du secteur privé en Chine, avec plus d’un million de personnes travaillant dans ses quelque 30 usines et installations de recherche dans le pays.

À (re)lire: Foxconn, le géant taïwanais derrière l’iPhone

Par le passé, il a plusieurs fois été épinglé pour ses mauvaises conditions de travail, avec notamment une vague de suicides en 2010, et des embauches de mineurs dénoncés par des ONG.

Ce rebond épidémique intervient plus d’un mois après le lancement d’un nouveau modèle par Apple, une période traditionnellement de forte activité pour Foxconn.

«En temps normal, pratiquement tous les iPhone sont produits à Zhengzhou», indique Ivan Lam, analyste pour le cabinet spécialisé Counterpoint.

Situé à environ 600 km de Pékin, le site est le plus important au monde pour la production de produits Apple. 

Sorti de terre en 2010, il emploie jusqu’à 300 000 personnes qui vivent sur place à l’année, et a fait naître une ville dans la ville (surnommée «iPhone City»). 

L’ensemble comprend trois usines. L’une d’elles produit l’iPhone 14, le dernier téléphone d’Apple.

 

«Hausse des coûts»

La mise à l’arrêt partiel du site a entraîné une perte de «10 à 30%» de la production, estime M. Lam.

Mais «les choses sont désormais sous contrôle» et devraient progressivement revenir à la normale, nuance-t-il à l’AFP.

Selon Foxconn, le site fonctionne à présent en «circuit fermé» avec des employés contraints de dormir sur place pour des raisons sanitaires, et d’éviter tout contact avec l’extérieur. 

En contrepartie, leur bonus quotidien a été multiplié par quatre.

Une partie de la production a par ailleurs été temporairement déplacée vers d’autres sites de Foxconn en Chine, selon Ivan Lam.

«Cet incident devrait avoir un effet limité» sur la production d’iPhone dans le monde, estime l’analyste Ming-Chi Kuo, spécialiste des produits Apple.

«Mais les fournisseurs chinois vont devoir améliorer leur production en circuit fermé (…) pour viser la même efficacité qu’en configuration normale, ce qui va probablement entraîner une hausse des coûts», prévient M. Kuo.

La Chine est la dernière grande économie à poursuivre une stricte stratégie contre la COVID. 

Cette politique du zéro COVID entraîne des mises en quarantaine dès l’apparition de cas positifs, des dépistages massifs, mais aussi des fermetures inopinées d’usines, ce qui pèse sur l’activité et les chaînes d’approvisionnement.

 

«Forte dépendance»

Selon les calculs du cabinet spécialisé TrendForce, Apple produira 2 à 3 millions d’iPhone en moins ce trimestre à cause du rebond épidémique à Zhengzhou, sur un objectif estimé à 80 millions.

Cet épisode est pour la firme «un mauvais exemple en termes de stabilité des chaînes de production», résume à l’AFP l’économiste Alicia Garcia Herrero, responsable Asie-Pacifique pour la banque Natixis. 

La marque à la pomme fabrique plus de 90% de ses produits en Chine, qui est également l’un de ses plus importants marchés.

Dans un contexte de tensions entre Pékin et Washington, cette «forte dépendance» est un facteur de «risques», relève le cabinet de conseil Dezan Shira & Associates.

Pour moins dépendre du géant asiatique, le groupe californien sous-traite déjà une partie de sa production en Inde, et lorgne le Vietnam.

Les restrictions anti-COVID accélèrent cette tendance. En 2020, au début de la pandémie, le site de Zhengzhou avait été confiné déjà durant une semaine. 

Ces relocalisations se heurtent toutefois à des limites.

«Des iPhone14 et 14 Plus sont déjà produits en Inde, mais de nombreux composants proviennent de Chine», souligne Ivan Lam.

«Augmenter la capacité des usines (en Inde) est difficile: il faut des machines, professionnaliser» la production et «vous devez embaucher des gens. Des talents», qui manquent à l’heure actuelle, selon M. Lam.

L’an dernier, près de 7,5 millions d’iPhone ont été fabriqués en Inde, tout juste 3% de la production totale d’Apple.