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Dette russe: Moody’s évoque un «défaut» de paiement

AFP|Publié le 28 juin 2022

Dette russe: Moody’s évoque un «défaut» de paiement

Cette estimation n'introduit pas un statut juridique de défaut de paiement pour la Russie puisque les agences de notation n'ont plus le droit de noter le pays. (Photo: 123RF)

Paris — Dans un contexte où toutes les places financières s’interrogent sur un potentiel défaut de paiement de la Russie, l’agence de notation Moody’s a estimé mardi que tel était le cas, le pays ne parvenant pas à régler le paiement des intérêts de sa dette.

Moody’s estime que la non-réception, au 27 juin, des intérêts de la dette russe par ses créanciers constitue un «défaut» de paiement pour la Russie, selon un communiqué de l’agence publié dans la nuit de lundi à mardi.

«Le 27 juin, les détenteurs de la dette russe n’avaient pas reçu de paiement de coupon sur deux euro-obligations d’une valeur (totale) de 100 millions de dollars à l’expiration du délai de grâce de 30 jours calendaires, ce que nous considérons comme un cas de défaut selon notre définition», a-t-elle expliqué.

Cette estimation n’introduit pas un statut juridique de défaut de paiement pour la Russie puisque les agences de notation n’ont plus le droit de noter le pays depuis les sanctions internationales à l’encontre de la Russie, en raison de l’invasion de l’Ukraine.

Moscou a réagi mardi dans la matinée et invité l’agence à «s’expliquer».

«En ce qui concerne Moody’s, ils ont il y a peu décidé de ne pas prendre en compte notre pays, ont refusé de noter notre pays. Cela veut-il dire que Moody’s a repris le processus de notation?», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

La Russie devait payer 100 millions d’intérêts sur sa dette le 27 mai, une échéance assortie d’une période de grâce d’un mois qui expirait dimanche.

À (re)lire: Paiements russes bloqués: quelles conséquences pour Moscou et ses créanciers?

Le ministère russe des Finances assurait avoir versé l’argent en devises étrangères dès le 20 mai. Mais il a reconnu lundi que l’argent n’était pas parvenu aux créanciers, car des intermédiaires bancaires ont bloqué les paiements du fait des sanctions prises contre Moscou par les pays occidentaux en représailles à la guerre en Ukraine.

Et certaines obligations européennes, émises avant 2018, «ne contiennent pas de clause» permettant à la Russie «de les rembourser en roubles», a souligné Moody’s dans son communiqué.

 

«Action de tierces parties»

Il revient désormais à un comité de créanciers, le Credit Derivatives Determinations Committee (CDDC), d’évaluer si oui ou non la Russie rate des paiements. Ce comité avait acté début juin le non-paiement par Moscou de 1,9 million de dollars d’intérêts de retard sur une échéance précédente.

Il prévoit de se réunir mercredi en début d’après-midi pour délibérer sur l’échéance manquée du 27 mai.

C’est aussi lui qui décidera d’activer le cas échéant les CDS (Credit Default Swap), des produits financiers qui servent d’assurance contre les défauts de paiement sur une dette.

De son côté, le ministère des Finances russe a récusé lundi toute idée de défaut de paiement. Moscou assure que «la non-obtention de l’argent par les investisseurs n’est pas le résultat d’une absence de paiement, mais est causée par l’action de tierces parties, ce qui n’est pas directement considéré (…) comme un cas de défaut».

De fait, le pays a largement les moyens de rembourser les intérêts de sa dette extérieure, libellés en dollars ou en euros, relèvent les analystes financiers.

En 1998, la Russie avait décrété un moratoire unilatéral sur le paiement de sa dette étrangère après avoir dévalué le rouble, et renoncé à honorer ses échéances vis-à-vis des créanciers internationaux.

Mais elle était parvenue à négocier un rééchelonnement de son remboursement avec ses principaux créanciers, parvenant ainsi à éviter d’être déclarée en défaut.

Le pays n’a donc pas fait défaut depuis 1918 lors de la révolution russe.