Bourse : la marée noire affecte injustement six titres de l'industrie pétrolière

Publié le 06/08/2010 à 18:00, mis à jour le 06/08/2010 à 13:44

Bourse : la marée noire affecte injustement six titres de l'industrie pétrolière

Publié le 06/08/2010 à 18:00, mis à jour le 06/08/2010 à 13:44

Photo : Bloomberg

La catastrophe écologique provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique a entraîné dans son sillage certains titres de l'industrie pétrolière.

Le moratoire imposé le 28 mai pour une période de six mois dans le golfe du Mexique, qui interdit le forage de nouveaux puits sous-marins à plus de 500 pieds de profondeur, a amené certains analystes à abaisser leurs prévisions de bénéfices par action pour 2010 et 2011.

Le moratoire entraîne une réduction des revenus des entreprises qui louent leurs plateformes à divers exploitants, comme BP. Néanmoins, certaines d'entre elles présentent des prévisions de profit encore attrayantes, des programmes de versement de dividendes ou de rachat d'actions intéressants, ou encore un solide plan d'affaires.

Voici six de ces sociétés injustement pénalisées (tous les montants de l'article sont en $ US).

NOBLE CORPORATION

À la conquête de l'Arctique grâce à Frontier Drilling

Établie en Suisse, Noble se spécialise dans le forage de puits pétroliers en eaux profondes en louant 62 plateformes toutes équipées, réparties au Moyen-Orient, en Inde, dans le golfe du Mexique, dans la mer du Nord, au Brésil et en Afrique de l'Ouest, ce qui en fait le deuxième acteur du secteur, derrière Transocean, aussi de Suisse.

Sa croissance a été nourrie par de nombreuses acquisitions, dont la plus récente est Frontier Drilling, au coût de 2,16 milliards de dollars américains (G$). Fondé en 1997, ce fournisseur indépendant de services de forage oeuvre dans des marchés qui ne sont pas dominés par les acteurs majeurs du secteur, tels que la région de l'Arctique. Cette acquisition se veut "un excellent complément stratégique à l'actif de Noble", a déclaré David W. Williams, président et chef de la direction de l'entreprise, lors de l'annonce de la transaction, le 28 juin.

Selon Arun Jayaram, de Credit Suisse, Noble profitera de l'acquisition de Frontier pour accélérer sa croissance. L'analyste souligne l'augmentation de 87 % du carnet de commandes de la société, qui s'élèvera à 12,9 G$ une fois la transaction réalisée. Du coup, il hausse ses prévisions de bénéfice par action de 8 %, à 4,30 $, pour 2011 et de 18 %, à 4,47 $, pour 2012. Il fait ainsi passer sa cible d'un an sur le titre de 40 à 44 $.

Plus prudent, Alan Laws, de BMO Marchés des capitaux, considère que l'entreprise a "augmenté sa flotte d'appareils en contrepartie d'un prix qui semble raisonnable". Cependant, il maintient sa cible de 41 $, jugeant l'acquisition de Frontier Drilling financièrement intéressante, mais stratégiquement neutre en raison de la qualité moyenne des actifs obtenus.

ENSCO INTERNATIONAL

Des rachats d'actions pour soutenir le cours du titre

La société offre un éventail de services comparables à ceux de Noble Corporation pour les industries pétrolière et gazière. Elle fait des affaires en Asie, au Moyen-Orient, en Australie, en Europe, en Afrique et en Amérique. Cette entreprise de Londres possède une des flottes les plus jeunes de l'industrie, d'une moyenne d'âge de 9 ans, comparativement à la moyenne de 27 ans de l'industrie. Ensco possède 49 navires de forage, dont 4 en construction.

En raison de la faiblesse de l'économie mondiale en 2009, le bénéfice par action du groupe a chuté de 32 %, à 5,48 $, par rapport au sommet de 8,02 $ enregistré en 2008.

L'historique de rachat d'actions massif de la société donne toutefois à penser que le risque baissier de son titre est limité. Pour la période s'échelonnant de 2006 à 2008, Ensco a procédé au rachat de 16,5 M d'actions, à un coût moyen de 56,79 $, pour une facture totale d'environ 938 M$. Aucun rachat n'a été effectué en 2009, mais l'autorisation du conseil d'administration demeure en vigueur à la hauteur de 563 M$. En date du 31 mars 2010, 142,5 M d'actions étaient en circulation.

Selon Stephen Ellis, analyste chez Morningstar, la valeur de l'action est estimée à 52 $. "Nous pensons que la société est l'une des moins risquées du secteur, en raison notamment des équipements acquis à faible prix avant 2002", mentionne-t-il.

Le 17 juin, les analystes de la Deutsche Bank ont maintenu leur recommandation d'achat sur le titre, avec une cible d'un an de 65 $.

PRIDE INTERNATIONAL

Bilan épuré et nouveaux gestionnaires

L'entreprise, qui souhaite se spécialiser exclusivement dans le forage en eaux profondes, est établie à Houston, au Texas, et possède 24 navires de forage pour extraire du gaz naturel et du pétrole.

Pride International s'est restructurée en 2005. Le bilan a été allégé, et 15 des 17 directeurs principaux ont été remplacés. Le nouveau président et chef de la direction, Louis Raspino, est en place depuis juin 2005.

L'entreprise a commencé l'année 2010 avec un carnet de commandes évalué à près de 6,9 G$, somme qui représente 160 % de sa capitalisation boursière. L'un des principaux risques associés à sa rentabilité provient de sa dépendance à l'égard de deux clients principaux. Pour l'exercice terminé le 31 décembre 2009, Petroleo Brasilerio et Total représentaient respectivement 33 % et 16 % des revenus consolidés du groupe.

Les analystes soulignent unanimement le potentiel du titre. Le 22 juin, le courtier Howard Weil a fait une recommandation de "surperformance" pour le titre, tandis que Barclay's emboîtait le pas à "surpondérer" également, avec un prix cible d'un an de 33 $ dans sa dernière mise à jour du 6 juillet.

D'après Stephen Ellis, analyste chez Morningstar, Pride International (PDE-N) serait une cible d'acquisition idéale pour un joueur majeur du secteur, élément positif pour l'investisseur, qui pourrait ainsi se voir offrir une prime si un tel scénario survenait.

TRANSOCEAN

Au-delà de l'explosion de Deepwater Horizon

Spécialisée dans le forage gazier et pétrolier aux larges des côtes, Transocean dispose des équipements pour travailler en eaux profondes dans les environnements les plus difficiles. Cette entreprise située en Suisse offre de façon complémentaire des services d'ingénierie et de gestion de projets. Elle est maintenant connue en raison de l'explosion de son installation Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique le 20 avril. Transocean encourt des poursuites judiciaires qui pourraient avoir des conséquences sur sa santé financière.

L'entreprise possède toutefois un carnet de commandes qui se chiffre à 28 G$, une flotte de 139 navires et un historique de croissance des revenus qui se situe en moyenne à 34 % annuellement depuis 2004.

La direction de Transocean prévoit verser un dividende spécial de 3,11 $ US (3,44 francs suisses) durant la prochaine année.

Stéphane Gagnon, vice-président et gestionnaire de portefeuilles principal à la Financière des professionnels, considère que l'évaluation boursière de Transocean "est nettement sous-estimée et qu'il s'agit vraiment d'un titre à envisager." Stephen Ellis, analyste chez Morningstar, estime la valeur de l'action à 116 $, ce qui représente un gain potentiel de 124 % en fonction du cours actuel.

Arun Jayaram, de Credit Suisse, est plus prudent. Ses prévisions de bénéfice par action passent de 8 à 7,60 $ pour 2010 et de 9 à 7,49 $ pour 2011 en raison de l'impact du moratoire. Sa cible d'un an passe de 92 à 63 $.

ROWAN COMPANIES

Une sous-division payante

L'action de Rowan Companies, l'une des petites capitalisations boursières du secteur, se négocie sous sa valeur comptable. Fondée en 1923 par les frères Charlie et Arch Rowan, la société texane possède la particularité d'avoir une division, baptisée LTI, qui assure la réparation et la construction de plateformes de forage et d'équipements connexes. LTI, qui exécute des contrats pour différents clients, génère 30 % des revenus annuels de Rowan.

L'entreprise souhaite acquérir 50,3 % de Skeie Technology, une société norvégienne de forage dont l'achat, payé en actions, diluera l'avoir des actionnaires de 10 %. Alan Laws, de BMO Marchés des capitaux, considère "que la consolidation du secteur pourrait se poursuivre, que Rowan est maintenant plus attrayante et qu'elle est aussi une cible d'acquisition". Il fait une recommandation de "surperformance" et a une cible d'un an de 32 $ pour ce titre.

Les analystes de Pritchard Capital ont récemment haussé leur recommandation de "neutre" à "achat" avec une cible de 27 $, tandis que les analystes de FBR Capital confirmaient la surperformance et une cible d'un an de 30 $ pour le titre.

DIAMOND OFFSHORE DRILLING (DO-N)

Un titre qui se négocie à moins de neuf fois les bénéfices prévus pour 2010

Spécialisée dans le forage gazier et pétrolier, Diamond Offshore Drilling possède 47 plateformes situées partout sur la planète. Le sous-investissement dans ses équipements laisse l'entreprise aux prises avec une flotte de 29 ans d'âge moyen. La direction préfère verser le capital excédentaire à ses actionnaires sous la forme de dividendes spéciaux. Depuis 2006, plus de 12 dividendes spéciaux totalisant une somme de 23,88 $ l'action ont été distribués aux actionnaires, dont 8 $ par action en 2009. Le 22 juillet, l'entreprise a d'ailleurs déclaré un dividende spécial de 0,75 $ et un dividende trimestriel régulier de 0,125 $ l'action, à verser le 1er septembre aux actionnaires inscrits au registre le 2 août 2010. Le versement extraordinaire précédent était de 1,375 $. "Notre politique de dividende spécial est un excellent moyen de rendre de la valeur à nos actionnaires", a déclaré Larry Dickerson, président et chef de la direction de l'entreprise dans un communiqué.

Stephen Ellis, de Morningstar, estime la valeur de l'action à 73 $, ce qui représente une plus-value potentielle de 17 % en fonction du cours actuel.

 

 

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