MX Windsor, la PME qui ne pouvait pas grandir

Offert par Les Affaires


Édition du 26 Octobre 2019

MX Windsor, la PME qui ne pouvait pas grandir

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Édition du 26 Octobre 2019

Par Matthieu Charest

MX ­Windsor possède deux sites de production en ­Estrie. Le ­sous-traitant industriel fabrique des bandes d’étanchéités en caoutchouc pour les voitures. (Photo: courtoisie)

LES 300. Depuis la fermeture de l'usine General Motors (GM), à Boisbriand, au début des années 2000, le terreau économique québécois s'apparente à un véritable désert pour l'industrie automobile. Pourtant, une oasis persiste. MX Windsor, en Estrie, tourne à plein régime afin de fournir des équipements aux plus grands constructeurs de véhicules de la planète.

Les 300 employés de MX Windsor fabriquent des bandes d'étanchéités en caoutchouc pour les véhicules automobiles à ses deux sites de production, l'un à Coaticook et l'autre à Windsor. L'entreprise fondée il y a une vingtaine d'années se consacre notamment aux fenêtres, aux portes et aux capots des véhicules. «Il peut il y avoir plus de 3 000 pièces en caoutchouc sur un seul véhicule, détaille son vice-président et copropriétaire, Bruno Dupuis. Nous fournissons des produits à toutes les grandes marques connues : BMW, Toyota, Ford, GM, Chrysler...»

C'est par l'entremise de Waterville TG, entreprise pour laquelle MX Windsor agit en tant que sous-traitant, que la PME obtient ses contrats. «La raison est simple : ça leur coûte moins cher de nous envoyer ces commandes, résume M. Dupuis. Les coûts sont moins élevés parce que les salaires sont moins importants chez nous.»

Et ça fonctionne du feu de Dieu. MX Windsor affiche un chiffre d'affaires de 11 millions de dollars depuis une dizaine d'années, et a embauché 100 employés supplémentaires depuis un an. Même les fameuses renégociations de l'ALÉNA - devenu depuis l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) - n'ont pas affecté la PME estrienne. «Toutes ces discussions-là [autour de l'accord] n'ont eu aucun impact sur nous, explique son vice-président. Nous vendons tout à Waterville TG, et ce sont eux qui se chargent de l'exportation. Ce sont plutôt les grèves, comme celle chez GM aux États-Unis, qui peuvent faire en sorte que la demande pour certains modèles de véhicules diminue.»

Son enjeu principal - et de loin - est le manque de main-d'oeuvre. «Je pourrais facilement envisager une croissance pour l'entreprise, mais je ne peux pas prendre de l'expansion parce que des employés, c'est très difficile à trouver, explique M. Dupuis, résigné. Même si je pouvais les former, il n'y en a pas, de main-d'oeuvre, il n'y a pas de monde.»

Problèmes de croissance

Pas de doute, le manque de travailleurs freine les espoirs d'expansion de la PME. Il y a bien des firmes qui proposent leurs services afin de faciliter les procédures d'immigration pour aller trouver de la main-d'oeuvre à l'étranger, mais ce n'est pas la panacée. «J'y pense, assure M. Dupuis. Mais ce n'est pas non plus évident de faire concorder la formation de plusieurs dizaines de nouveaux employés avec le démarrage d'un nouveau contrat. C'est très ardu.»

Pourtant, MX Windsor fait de son mieux pour recruter de nouveaux employés et les retenir. «Nous avons tout de même un bon noyau de travailleurs, des gens qui sont avec nous depuis 15 ou 20 ans», affirme le copropriétaire. Ceux-ci sont essentiellement des résidents de la région. «Nos gens viennent de Richmond, de Windsor, d'Asbestos, de Saint-François-Xavier-de-Brompton, et quelques-uns de Sherbrooke», énumère-t-il.

Aux deux sites de production, les employés perçoivent une rémunération supplémentaire s'ils dépassent les objectifs de production - le nombre de morceaux fabriqués, par exemple. Cependant, l'employeur a beau offrir des massages sur chaise, des dîners mensuels lorsque les objectifs de l'entreprise - concernant soit la qualité, la livraison ou le taux de présence - sont atteints, investir dans des causes locales, comme le soutien aux familles d'enfants handicapés, notamment pour le Centre de répit Théo Vallières et la Fondation du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) du Val-Saint-François, le plus ardu est de recruter. «Je ne pense pas que ce serait plus facile dans d'autres régions du Québec, conclut M. Dupuis. Quel que soit le salaire versé aux employés.»

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