(Photo: La Presse Canadienne)
BUDGET DU QUÉBEC. Le gouvernement Legault réalise sa promesse électorale avec son Plan budgétaire 2023 en offrant des baisses d’impôts évaluées à 9,2 G$ d’ici 20227-2028 et qui devraient toucher 4,6 millions de Québécois.
Le ministre des Finances, Eric Girard, explique que la baisse se concrétisera par une diminution d’un point de pourcentage des deux premiers paliers d’imposition. Ainsi, les Québécois qui gagnent 49 275$ et moins verront le taux de cette tranche passer de 15% à 14%, puis ceux qui gagnent entre 49 276$ et 98 540$ verront le taux de cette tranche passer de 20% à 19%.
L’estimation du ministère des Finances est que la diminution du paiement d’impôts pourrait atteindre 814$ pour une personne seule et 1627$ pour un couple.
Il faut noter que les nouvelles tables de retenues à la source ne seront applicables qu’à compter du 1er juillet. La baisse d’impôts pour la première moitié de l’année sera donc prise en compte lors de la production des déclarations de revenus pour l’année 2023, en 2024.
«Nous prévoyons une inflation de 3,5% en 2023, indique le ministre. L’année 2023 sera économiquement difficile, mais le Québec possède des avantages indéniables, notamment le plein emploi et un plan budgétaire solide. Nous pensons que le stimulus fiscal, introduit en juillet, arrivera au bon moment. C’est au deuxième ou au troisième trimestre que le ralentissement économique se fera sentir.»
Pour tous
Techniquement, toutes les personnes qui payent des impôts, donc qui gagnent plus que le montant personnel de base déductible de 14 398$, profiteront d’au moins la réduction d’un point de pourcentage du premier palier d’imposition.
Eric Girard avance que cette réduction du fardeau fiscal, qui faisait partie des promesses électorales de la CAQ, profitera également à 90% des contribuables qui gagnent moins de 100 000$ par année.
«On réduit l’impôt là où le Québec est le moins compétitif avec les autres provinces», note-t-il.
Les personnes qui doivent verser des acomptes provisionnels pourront ajuster tout acompte exigible après le 15 mars 2023 pour tenir compte de la baisse.
Bien, mais encore beaucoup
L’Institut économique de Montréal (IEDM) accueille l’annonce de cette baisse d’impôts positivement en rappelant que l’inflation a fait mal au portefeuille des Québécois l’an dernier.
«La baisse annoncée aujourd’hui permettra aux ménages de souffler un peu et de retrouver une part du pouvoir d’achat perdu», soumet le directeur des communications de l’IEDM, Renaud Brossard.
Par contre, rappelle-t-il, le Québec est l’endroit en Amérique du Nord où il y a le plus haut taux de pression fiscale en Amérique du Nord.
La proportion de l’impôt sur le revenu des particuliers s’élevait à 14,7% du PIB en 2021 au Québec, le fardeau fiscal le plus élevé au Canada selon le ministère des Finances.
Du côté du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), on voit la baisse d’impôts comme une bouffée d’air frais pour les détaillants.
«Note espoir, c’est que de ces 1,7 G$ par année, une partie soit réinvestie dans les achats, affirme le PDG du CQCD, Damien Siles. Nous avons eu 163 M$ de dépenses totales en 2022, et avec un peu de chance, ce ballon d’oxygène va avoir un effet à la hausse sur les ventes.»
Pas de coupures de services
Le ministre des Finances a tenu à souligner que cette baisse d’impôts évaluée à 1,7 G$ par année ne se fait pas au détriment du financement des services publics. Le gouvernement s’appuie plutôt sur une réduction de dette plus lente que prévu au départ pour financer la diminution.
«L’objectif est de ramener la dette de 37,4% à 30% du PIB du Québec d’ici l’année fiscale 2037-2038, explique-t-il. Si nous n’avions pas mis de l’avant cette baisse d’impôts, cette diminution de 7,4% aurait eu lieu en dix ans plutôt que 15.»
Le gouvernement Legault a d’ailleurs présenté le chemin qu’elle entend prendre pour le retour à un budget équilibré.
Selon le plan présenté, le déficit atteindrait 4 G$ pour l’exercice financier 2023-2024, puis serait réduit de 1 G$ par an pour atteindre l’équilibre en 2027-2028.
«Compte tenu de l’évolution des perspectives budgétaires de revenus, le niveau des dépenses a donc été déterminé de manière à réduire le déficit conformément
aux exigences de la loi», soutient le document budgétaire du ministère des Finances.
Le document rappelle que la Loi sur l’équilibre budgétaire avait été suspendue pour certains effets en février 2022. Le ministre des Finances indique qu’il lève la suspension de ces effets dès la fin de l’année 2022-2023.
Plus vite
Malgré ce retour progressif vers l’équilibre fiscal, l’IDEM s’inquiète du déficit dans le contexte actuel de hauts taux d’intérêt.
«Le gouvernement ne s’endette plus à 1% ou 2% d’intérêt, souligne Renaud Brossard. Devant la hausse des taux d’intérêt, il aurait été sage que le ministre Girard revienne rapidement à l’équilibre budgétaire.»
Mal financé
Le porte-parole du Parti libéral du Québec (PLQ), Frédéric Beauchemin, soutient que cette diminution d’impôt est très mal financée.
«On peut faire le débat sur les baisses, mais une fois que le choix est fait, je crois que le gouvernement du Québec a pris un mauvais choix pour la financer avec un endettement supplémentaire, tranche-t-il. Il pourrait la financer à même le marché obligataire, où le rendement est de 3,1%, mais il prend la pire décision, celle de piger dans le Fonds des générations, où le rendement est de 6,3%.»
Frédéric Beauchemin ajoute que le PLQ était en accord avec une baisse d’impôt, mais seulement pour les personnes qui ne gagnent pas plus que le premier palier, soit 49 275$.
«Ça, c’est ciblé, ces gens-là sont les plus touchés par l’inflation, ajoute-t-il. Pas les gens qui gagnent près de 100 000$.»
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