Souriez, les paiements pourraient devenir cryptomonnaie courante
Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑mars 2022(Photo: Martin Flamand)
Le dernier Super Bowl a été surnommé le « Crypto Bowl » en raison des nombreuses annonces publicitaires vantant les monnaies numériques diffusées lors de cette grand-messe du football américain. Des vedettes, comme le joueur de basketball LeBron James, tentaient de convaincre les amateurs d’adopter ces actifs qui ont beaucoup progressé depuis le début de la pandémie. Même le Salvador est devenu le premier pays du monde, l’an dernier, à autoriser le bitcoin en tant que monnaie légale. Les entreprises québécoises qui ne font pas partie de cette industrie devraient-elles suivre la parade ? « Les Affaires » en a rencontré certaines qui y songent ou qui ont déjà plongé.
« Cela m’a vraiment surpris quand le client m’a dit qu’il voulait me payer en cryptomonnaie. C’est un grand projet aux États-Unis, confie le dirigeant d’une PME québécoise de gestion de projet dans le domaine de la construction. Ce sont des montants assez importants, dans les sept chiffres. »
L’entrepreneur, qui a requis l’anonymat parce que ce contrat n’a pas encore été paraphé, possède un portefeuille personnel de monnaies numériques. Malgré tout, cette proposition l’a fait réfléchir.
« Je suis un habitué de ce genre transaction, mais ce sont de petits montants, dit-il. Faire rouler ta « business » avec des cryptos, c’est un autre niveau. La réflexion est vraiment différente. Je ne connais personne dans le milieu des affaires qui s’est fait payer ou qui a payé en crypto. Donc, ce n’est pas rassurant. »
Il est pourtant loin d’être le seul à songer à cette option. Selon un sondage dévoilé en janvier par Visa, parmi les 2250 PME interrogées au Canada, aux États-Unis et dans sept autres pays, près du quart (24 %) ont déclaré qu’elles prévoyaient accepter des cryptomonnaies en 2022.
En réflexion, notre entrepreneur a donc consulté son avocat, son chef de la direction financière, mais aussi son réseau d’affaires.
« Ce qui m’a frappé le plus, c’est la différence d’attitude entre le Canada et les États-Unis. Quand je parle aux Américains, ils sont très ouverts aux cryptos, mais les Québécois sont inquiets et ne veulent rien savoir. Les gens ici sont plus frileux et conservateurs. Je sens qu’il y a deux mondes. »
D’après un sondage Ipsos rendu public en octobre, 13,5 % des Canadiens posséderaient des monnaies numériques. Chez nos voisins, 16 % des Américains ont affirmé avoir déjà investi ou payé avec de la cryptomonnaie, selon une étude du Pew Research Center réalisée en novembre dernier. Chez l’ensemble des 18-29 ans, la proportion s’élevait à 31 %, et même à 43 % pour les hommes de ce groupe d’âge. Les monnaies numériques semblent donc bel et bien avoir été adoptées par les plus jeunes investisseurs.
Avantages des cryptomonnaies
– Frais de transaction moins élevés
– Risque minime de fraude pour le commerçant
– Rétrofacturation doit avoir l’aval du commerçant
– Transferts internationaux plus rapides et faciles
– Plus de transparence, car toutes les informations passées sont inscrites dans la chaîne de bloc
Désavantages des cryptomonnaies
– Grande volatilité
– Aucune protection des actifs par les régimes d’assurance-dépôts fédéraux ou provinciaux
– Perte des actifs en cas de vol du mot de passe
– Difficile de retrouver l’argent en cas de fraude
– Certaines monnaies peuvent être difficiles à liquider
– Incertitudes réglementaires
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