Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell. (Photo: Getty Images)
La Fed a maintenu mercredi ses taux à leur niveau, comme attendu, mais a temporisé sur les baisses de taux, martelant qu’elle attend d’avoir une plus grande confiance dans la baisse durable de l’inflation avant d’entamer un assouplissement monétaire.
La banque centrale américaine a maintenu son principal taux directeur dans la fourchette de 5,25 à 5,50% dans laquelle il se trouve depuis juillet, une décision prise à l’unanimité des 12 membres votants de son comité de politique monétaire (FOMC).
Celui-ci, cependant, «n’anticipe pas qu’il soit approprié de réduire les taux, tant qu’il ne sera pas plus sûr que l’inflation est en train de baisser de façon durable vers 2%», niveau cible, selon le communiqué publié à l’issue de sa réunion.
Une douche froide pour les marchés, qui, au vu de la trajectoire à la baisse de l’inflation, du meilleur équilibre sur le marché du travail, et d’une croissance toujours solide, espéraient une première baisse en mars, lors de la prochaine réunion.
La Réserve fédérale veut en effet abaisser ses taux dans les mois à venir, après les avoir relevés à 11 reprises entre mars 2022 et juillet 2023, pour juguler la forte inflation. Elle avait indiqué, lors de sa précédente réunion, mi-décembre, qu’elle prévoyait plusieurs baisses des taux en 2024, sans toutefois donner plus de précisions.
«Les prévisions économiques sont incertaines, et le comité reste très attentif aux risques d’inflation», a ainsi encore souligné la Fed mercredi.
Favorables à une baisse cette année
En conférence de presse, mercredi, le président de l’institution, Jerome Powell a déclaré que les taux de la Fed sont «probablement à [leur] sommet pour ce cycle de resserrement», anticipant «que si l’économie évolue comme prévu, il sera probablement approprié de commencer à [les] réduire […] cette année».
Le président de la Fed a par ailleurs souligné que «presque tous» les membres du comité de politique monétaire de la Fed sont «[favorables] à une baisse des taux cette année», précisant cependant que «le moment choisi pour cela sera lié à notre confiance dans le fait que l’inflation est sur une trajectoire durable vers 2%».
Stabilité des prix
Ces hausses de taux avaient pour but de juguler la forte inflation, en renchérissant le coût du crédit. Ce durcissement décourage la consommation et l’investissement, et desserre la pression sur les prix.
L’inflation rentre ainsi progressivement dans les rangs.
L’évolution des prix PCE, mesure privilégiée par la Fed et qu’elle veut ramener à 2%, a montré une inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) au plus bas depuis près de trois ans, à 2,9% sur un an.
La croissance économique a été bien plus vigoureuse que prévu en 2023, s’accélérant même par rapport à 2022, à 2,5%.
Quant au taux de chômage, il est toujours à ses niveaux les plus bas depuis 50 ans, à 3,7% en décembre, mais se rééquilibre progressivement. Les chiffres de janvier seront dévoilés vendredi.
«L’économie semble se diriger vers un atterrissage en douceur aux États-Unis et dans le monde», a souligné la cheffe économiste d’ADP, Nela Richardson.
C’est-à-dire atteindre le niveau souhaité d’inflation, sans faire flamber le chômage ni provoquer de récession.
«Nous sommes pleinement concentrés sur notre volonté de restaurer la stabilité des prix», a rappelé dans une interview la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, nouvelle membre votante du FOMC, «mais il nous reste du travail».
Par ailleurs, à neuf mois de l’élection présidentielle, et bien que la Fed soit indépendante du pouvoir politique, le sujet est dans tous les esprits. Le président démocrate Joe Biden, comme son principal concurrent républicain, Donald Trump, ne cessent de vanter leurs réussites économiques respectives.
La hausse des taux avait renchéri le coût des emprunts, notamment immobiliers, alors que l’inflation est venue rogner le pouvoir d’achat des ménages, même si les salaires ont dans l’ensemble progressé.
Même les consommateurs semblent retrouver leur optimisme: l’indice de confiance du Conference Board a atteint mardi son plus haut niveau depuis décembre 2021.
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