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Production privée d’électricité: les industriels sont soulagés

François Normand|Mis à jour le 13 juin 2024

Production privée d’électricité: les industriels sont soulagés

Une entreprise manufacturière donnée pourra désormais conclure une entente avec un producteur d’énergie éolienne ou d’énergie solaire afin que ce dernier installe ses équipements de production d’électricité sur son terrain. (Photo: 123RF)

Soupir de soulagement pour certaines entreprises qui manquent d’électricité: Québec permet désormais aux producteurs privés d’énergie renouvelable de vendre leur électricité aux manufacturiers et aux industriels, mais sous réserve de l’approbation du gouvernement. Toutefois, les producteurs devront installer leurs équipements sur le site de production des entreprises et l’électricité ne devra pas transiter par le réseau de transport d’Hydro-Québec.

C’est ce qu’a indiqué ce jeudi midi le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en marge du dépôt, à l’Assemblée nationale, du projet de Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.

Par exemple, une entreprise manufacturière pourra désormais conclure une entente avec un producteur d’énergie éolienne ou d’énergie solaire, afin que ce dernier installe ses équipements de production d’électricité sur son terrain.

Ainsi, le producteur d’énergie pourrait vendre uniquement cette électricité à cette entreprise, et ce, à un prix négocié entre les deux parties.

 

Une «bonne affaire» pour l’industrie

En entrevue à Les Affaires, Jocelyn B. Allard, président de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité (AQCIÉ), estime que cette décision est «une bonne affaire» pour ses membres qui manquent d’énergie.

Le 23 mai, Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), de concert avec l’AQCÉI, a publié un sondage révélant que 35% des entreprises sondées issues des secteurs manufacturier et industriel n’ont pas accès à de l’énergie en quantité suffisante pour répondre à leurs besoins actuels.

Dans ce contexte, il était tout à fait normal que le gouvernement offre d’autres options aux entreprises pour s’approvisionner en électricité si Hydro-Québec n’est pas en mesure de le faire, selon Jocelyn Allard.

«Ça va permettre d’avoir accès à de nouvelles sources d’énergie», dit-il.

Les Forges de Sorel, qui fabrique des pièces forgées et des lingots d’acier de spécialité vendus dans le monde, salue également cette nouvelle option qui s’offre à elle, alors qu’elle cherche désespérément de nouvelles sources d’électricité pour décarboner ses procédés.

«C’est sûr qu’on trouve ça très intéressant, même si on a relativement peu d’espace sur notre site», confie son PDG Louis-Philippe Lapierre-Boire.

Récemment, en entrevue à Les Affaires, il avait déploré le fait qu’on exhorte les industriels du Québec à se décarboner, alors qu’il manque de blocs d’électricité renouvelable.

Le chef d’entreprise y voyait une situation «incohérente» qui mine la compétitivité des Forges de Sorel et qui menacerait à terme sa pérennité.

L’entreprise veut convertir à l’électricité ces 21 fours, ce qui nécessite 16 mégawatts (MW) d’électricité. Il s’agit d’un projet évalué à 50 millions de dollars, sur des revenus annuels d’environ 150 M$.

Ce jeudi, le gouvernement a dévoilé le nom de 11 entreprises qui se partageront un nouveau bloc de 400 à 500 mégawatts d’électricité.

Or, les Forges de Sorel, qui espérait avoir un bloc d’électricité, ne fait pas partie de cette courte liste.

De nouvelles occasions pour l’industrie électrique

L’Association de l’industrie électrique du Québec (AIEQ), dont les membres sont des équipementiers (turbines, pâles, poteaux, etc.) et des fournisseurs de services (ingénierie, efficacité énergétique, etc.), salue aussi la décision du gouvernement à propos de la production privée.

«Je vois ça d’un très bon oeil, tout comme mes membres », dit la PDG de l’AIEQ, Marie Lapointe.

À ses yeux, cette nouvelle approche représente de nouvelles occasions d’affaires, qui se rajoutent à celles qui seront générées par le plan d’action 2035 d’Hydro-Québec.

Même son de cloche du côté de l’Institut économique de Montréal (IEDM), qui aurait toutefois voulu que le gouvernement aille beaucoup plus loin dans cette approche.

«On s’attendait à ce que des producteurs indépendants puissent vendre à d’autres entreprises de manière beaucoup plus élargies. À cet effet, le projet de loi manque beaucoup d’ambition», laisse tomber Renaud Brossard, vice-président aux communications.

«C’est le plus petit pas de souris que nous pouvions imaginer», ajoute-t-il.

À ses yeux, le manque d’électricité fait en sorte que le Québec passe à côté de grands projets économiques, ce qui peut être assimilable à «une forme de veto pour Hydro-Québec» pour le développement économique.

Avec la collaboration de Dominique Talbot

 

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